D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2022 et le PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) 2022 interviennent dans des circonstances particulières. Ils marquent la transition entre la période de crise sanitaire, où le gouvernement a choisi la stratégie du « quoi qu’il en coûte » et le « retour à la normale » qui devrait s’enclencher en 2023.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron peut se partager en trois périodes : la mise en œuvre de son programme néolibéral de juin 2017 à fin 2018 ; le tournant imposé par le mouvement des Gilets jaunes début 2019 à mars 2020 ; puis la période de la crise sanitaire et du « quoi qu’il en coûte ».

Ainsi peut-on mieux cerner le néolibéralisme : contrairement à un authentique libéralisme, il plaide pour que l’État intervienne pour soutenir les entreprises, pour leur garantir un taux de marge satisfaisant. En situation de dépression, deux stratégies sont possibles : soit, comme en 2010-13, laisser la dépression s’installer, en espérant qu’elle permette de faire disparaître les entreprises peu productives et qu’elle renforce le rapport de force favorable au patronat ; soit, comme en 2020-22, recourir massivement à l’intervention publique, un keynésianisme dénaturé, au service du marché, passant essentiellement par des aides aux entreprises. Ainsi, l’État instaure une « sécurité sociale » du patronat et des actionnaires. Dans des pays démocratiques où la population est attachée à l’État social, le gouvernement ne peut attaquer celui-ci de front, de sorte que les réformes restrictives (retraites, chômage, santé) ne peuvent être prises que progressivement et cohabitent avec quelques avancées réelles (Ségur de la Santé, dépendance). Ce sera particulièrement le cas d’ici à avril 2022, échéance électorale importante.

Au total, les gouvernements Macron auront réduit les recettes publiques de près de 60 milliards par an (au bénéfice surtout des plus riches et des entreprises), faisant apparaître des déficits dont ils peuvent prendre prétexte pour réduire les dépenses sociales ; les baisses des impôts des entreprises se poursuivent sans contrepartie alors qu’il faudrait organiser et financer la transition écologique. En 2023, risque d’éclater la contradiction entre cette politique et les Traités européens, si ceux-ci étaient remis en vigueur.

La note présente les mesures phares du budget 2022, replacées dans l’ensemble du quinquennat : baisse des impôts des entreprises et des plus riches ; tentatives, souvent mises en échec, de réduction des dépenses publiques et des dépenses sociales (chômage, retraite, santé…) ; transition écologique affichée, mais pas enclenchée avec l’ampleur nécessaire ; projet de réforme peu ambitieuse des règles budgétaires européennes. Elle comporte sept parties : la situation macroéconomique, la politique de moyen terme, les règles européennes, les soldes budgétaires et la dette, la fiscalité, les dépenses publiques et le plan de relance, puis les dépenses sociales.