D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

La crise sanitaire actuelle a mis à jour notre forte dépendance industrielle vis-à-vis d’autre pays, en particulier la Chine. La désindustrialisation de l’économie française, mais aussi de toutes les économies occidentales, est un phénomène bien connu et assez ancien puisqu’il démarre dès la fin des années 1970. Entre 1980 et 2007, l’industrie française a perdu 1 913 500 emplois, soit 36 % de ses effectifs ; la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est passée de 24 % à 14 %. Ainsi, l’incapacité  de l’industrie française à produire rapidement des masques et des tests à grande échelle a fait prendre conscience de ce que constitue cette désindustrialisation en termes de perte d’autonomie productive.

Malgré la déclaration d’Emmanuel Macron dans son discours du 12 mars 2020 proclamant que « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d’autres, est une folie », rien de significatif n’a encore été fait pour reprendre un tant soit peu le contrôle sur la production industrielle alors que l’état d’urgence sanitaire autorise le gouvernement à agir vite. La seule usine de fabrication de bouteilles d’oxygène médical Luxfer est restée fermée, bien que cette production soit essentielle et que l’état d’urgence sanitaire autorisait légalement le gouvernement à agir dans le champ de la production industrielle.

A la suite du discours du 12 mars, un débat sur la mondialisation industrielle s’est engagé et de nombreux économistes ont alors évoqué la nécessité d’une relocalisation de certaines productions dites stratégiques comme les médicaments ou le matériel médical. Sans surprise Jean Tirole volait au secours de la mondialisation dans une chronique parue dans Les Echos  en déclarant que « grâce à la globalisation, en effet, les consommateurs ont accès à de nouveaux biens et services produits dans le monde entier ; et ils peuvent acquérir les biens déjà produits dans le pays à plus bas prix, car ils ne sont plus captifs des monopoles domestiques, et bénéficient de coûts de production plus bas dans des pays exportateurs ». Il reprend ici un argument tout aussi ancien qu’erroné des défenseurs de la mondialisation, inspiré des « avantages comparatifs » de Ricardo. Selon eux, la mondialisation serait toujours globalement efficiente. Elle se présenterait comme une spécialisation productive des pays tirant partie d’avantages comparatifs territoriaux (compétences, coût du travail, réglementation, infrastructures). Cette plus grande efficience productive de la mondialisation permettrait en bout de course une augmentation globale du pouvoir d’achat des consommateurs et du revenu des travailleurs nouvellement intégrés dans la mondialisation. Le seul point que reconnaissent les libéraux, est que les effets sociaux seraient mal pris en compte et mal réparé, mais ils pensent que ceux-ci pourraient l’être. Nous avons dénoncé dans deux notes précédentes des Economistes atterrés cette vision erronée de la mondialisation néolibérale.

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