D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

Il faut enterrer ces régles sans fondement. A la question faut-il revoir les règles budgétaires européennes, Henri Sterdyniak, membre du collectif des Economistes atterrés, répond d’un « oui » franc et massif dans un entretien accordé au quotidien belge Le Soir. Et ce, « pour deux raisons. Premièrement, ces règles n’ont pas de fondement économique et reposent sur des seuils arbitraires : 3% du PIB pour le déficit public ; et 60% du PIB pour la dette publique. S’est ajouté, plus récemment, l’impératif d’un déficit public structurel (corrigé de l’incidence du cycle conjoncturel et des facteurs non-récurrents) inférieur à 0,5% du PIB. Cela n’a aucun sens économique », explique Henri Sterdyniak qui souligne que des pays comme le Japon, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, affichent des dettes et des déficits publics supérieurs à ces seuils. « L’Union européenne, où l’inflation est contenue, les taux d’intérêt sont bas et la balance extérieure est excédentaire, n’a aucun raison d’imposer à certains pays, où le chômage reste élevé, des efforts budgétaires au moment même où de grands risques pèsent sur la croissance mondiale. »

Et ce n’est pas la seule raison de rejeter les règles budgétaires. « Un effort très important est nécessaire non seulement pour remettre en état les infrastructures dans certains Etats-membres ou renforcer les systèmes éducatifs ou de soins de santé dans d’autres, mais aussi pour financer les besoin d’investissements de la transition écologique, dont une partie importante doit être publique. » Pour Henri Sterdyniak, l’idée d’une mise de fonds publique limitée servant à soutenir ou garantir les investissements privés, qui était la marque de fabrique du Plan Juncker, ne tient tout simplement pas la route : « Il ne faut pas conditionner les investissements publics à la rentabilité pour des investisseurs privés ».

Henri Sterdyniak voit deux manières de revoir les règles. « Ou bien vous dressez la liste des investissements publics nécessaires et vous décidez de les exclure du concept de déficit public utilisé pour l’application des règles budgétaires » – à la manière de l’ancienne règle d’or des finances publiques qui permettait le recours à l’emprunt pour les dépenses d’investissement. « Ou bien vous oubliez purement et simplement les règles budgétaires européennes. »

Mais alors, il n’y aurait plus de limite à l’endettement public, plus de garde-fou ? « Une seule règle fait sens : un déficit public est mauvais s’il se traduit par des déséquilibres macroéconomiques, accélération de l’inflation, taux d’intérêt élevés ou déficit extérieur important. Voilà les critères qui doivent permettre de jauger la politique budgétaire. » Autrement dit : la limite aux dépenses publiques, c’est la disponibilité de ressources inemployées par le secteur privé. « L’objectif de la politique économique devrait être le plein-emploi. Quand le taux de chômage est élevé, que les taux sont bas et qu’il n’y a pas d’inflation, il n’y a aucune raison d’imposer une prétendue discipline budgétaire. Et ce d’autant moins aujourd’hui que nous faisons face au défi de la transition écologique. »

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