D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

Au delà du chiffre symbolique de 3000 milliards, Christophe Ramaux essaie de tirer d’autre conclusions du niveau de la dette publique française. Il était l’invité du journal du soir de France Info le 29 mars 2023.

La dette publique frôle les 3000 milliards d’euros (2950 Md€ fin 2022). Les libéraux crient à nouveau haro sur la dépense publique. D’autres leçons peuvent être tirées. 1ère leçon : il n’est nul besoin d’un déficit nul pour réduire la dette. Malgré le déficit (6,5% du PIB en 2021 et 4,7% en 2022), la dette s’est réduite ces deux dernières années (115 % du PIB en 2020, 112,8% en 2021 et 111,6% en 2022). Pour réduire la dette, il suffit en effet que le déficit soit inférieur au produit de la dette et de la croissance nominale (or cette dernière a fortement augmenté avec l’inflation). 2e leçon : le déficit ne résulte pas seulement des dépenses mais aussi des recettes. En 2022, le déficit s’est réduit (4,7% contre 6,5% en 2021), car les recettes (celles notamment de la TVA tirées par l’inflation) ont augmenté plus vite que les dépenses. 3e leçon : en 2021, le projet de loi de finance de la sécurité sociale prévoyait un déficit de la sécu de 21,6 Md€ pour 2022. En fait c’est un excédent de 9 Md€ qui a été enregistré. 4e leçon : le gouvernement justifie sa « réforme » des retraites au nom de déficits futurs gonflés. Les cadeaux fiscaux offerts depuis 2017, principalement aux plus riches et aux entreprises (qui souvent leur appartiennent), amputent les recettes publiques, et creusent donc le déficit public, de 70 milliards par an. Chercher l’erreur. 5e leçon : la dette publique n’était que de 25% en 1983 avant le tournant néolibéral. Chercher à nouveau l’erreur. 6e leçon : malgré la hausse des taux d’intérêts, la charge de la dette (les intérêts versés chaque année) demeure contenue (2% du PIB). 7e leçon : en 2022, la France a payé 53 Md€ d’intérêts et remboursé 145 Md€ de titres de dette arrivant à échéance, soit un peu moins de 200 Md€. Mais comme tous les Etats, elle fait rouler sa dette, emprunte pour rembourser. Elle a émis 260 Md€, ce qui lui a permis de surcroît de financer un déficit primaire (hors intérêt de la dette) de plus de 60 Md€. Au total : plus d’argent rentre dans les caisses publiques au titre de la dette qu’il n’en sort. Les discours catastrophistes sur le « poids de la dette » (y compris chez certains « critiques » qui proposent de l’annuler) ont décidément tout faux.

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