D’autres politiques économiques sont possibles

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Analyse du livre d'André Orléan par Jean-Marie Harribey

Plan

1. Construire une nouvelle épistémologie de l’économie et des sciences sociales

2. La valeur : substance naturelle vs nature sociale

Séminaire d’économie politique de l’AFEP, Paris, 24 octobre 2011

Il n’est pas souvent donné à lire un livre passionnant de bout en bout, un livre important pour éclairer la question la plus fondamentale de la théorie économique, depuis la vielle économie politique jusqu’à ladite « science économique » contemporaine : qu’est-ce que la valeur ? Question qui renvoie à une autre : qu’est-ce qui fonde l’ordre marchand ?

2André Orléan (AO dans la suite de ce texte) propose avec ce nouveau livre une synthèse de travaux menés depuis plusieurs décennies, soit seul, soit avec d’autres (notamment Michel Aglietta ou Frédéric Lordon), une synthèse qui est sans doute en même temps un point d’étape, tellement le programme de recherche est ambitieux : refonder l’économie en tant que champ disciplinaire. Car il y a fort à faire au moment où tous les dogmes enseignés et assénés connaissent un échec cuisant, à la hauteur de la gravité de la crise systémique du capitalisme mondial, dont on peut dire qu’elle doit largement à l’application systématique des dits dogmes, notamment celui qui décrit le modèle concurrentiel comme spontanément efficient et stabilisateur.

3Quelle est la racine de cet échec théorique et politique ? Une erreur à la base même de la compréhension de l’économie, explique AO : toutes les théories de la valeur sont erronées, aussi bien celle qui pense la valeur en termes de travail que celle qui la pense en termes d’utilité. Celles-ci, en apparence opposées, partagent, selon AO, une même conception substantialiste qui ferait dépendre la valeur des qualités propres aux objets échangés, le travail d’un côté ou l’utilité de l’autre. La thèse d’AO est que « la valeur marchande n’est pas une substance […] qui préexiste aux échanges. Il faut plutôt la considérer comme une création sui generis des rapports marchands, par laquelle la sphère économique accède à une existence séparée, indépendante des autres activités sociales. » (p. 12). Comment repenser alors la valeur ? En considérant que « l’élection » d’une monnaie est l’acte fondateur de l’ordre social marchand. « La monnaie est l’institution première des économies marchandes. La monnaie fonde l’économie marchande. » (p. 148). Inutile donc de chercher un fondement ou un indicateur de mesure dans le travail comme Marx, ou dans l’utilité et la rareté comme Walras, car « il n’y a d’expression de la valeur que monétaire » (p. 29).

Lire la suite…via le lien  http://regulation.revues.org/index9483.html

Jean-Marie Harribey , « André Orléan, L’empire de la valeur, Refonder l’économie, Paris, Seuil, 2011. », Revue de la régulation [En ligne] , 10 | 2e semestre 2011 , mis en ligne le 21 décembre 2011.

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Auteur

Jean-Marie Harribey

Ancien professeur agrégé de sciences économiques et sociales et maître de conférences à l’université Bordeaux IV ; derniers ouvrages parus : Raconte-moi la crise, Le Bord de l’eau, 2009, et Le piège de la dette publique (co-coord.), Les Liens qui libèrent, 2011 ; http://harribey.u-bordeaux4.fr ; http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribeyjean-marie.harribey@orange.fr

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