D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

Le débat sur l’évaluation des 35 heures a été rouvert après la publication d’un rapport de l’Assemblée nationale et la mise sous le boisseau d’un rapport de l’Igas (dont les conclusions ont toutefois été largement reprises dans les médias). Ces deux rapports ont rappelé que les 35 heures mises en place par les lois Aubry I (1998) et Aubry II (2000) ont créé ou sauvegardé au moins 350 000 emplois. Ce chiffrage n’est pas un scoop car il est connu depuis plus de dix ans. Ces publications ont pourtant suscité des réactions démesurées d’économistes libéraux, ceux-là même qui pendant la période de mise en œuvre des 35 heures prédisaient qu’elles allaient détruire des emplois. En septembre 2016, Pierre Cahuc et André Zylberberg sont allés jusqu’à dénoncer le « négationnisme économique » dont feraient preuve les économistes qui ne partagent pas leurs analyses et utilisent d’autres méthodes que les leurs. Les Économistes atterrés figurent parmi les premières cibles des auteurs. La controverse autour du bilan des 35 heures devient ainsi une nouvelle querelle des méthodes en sciences sociales, d’une violence assez singulière de la part des économistes libéraux. Tout se passe comme s’ils se faisaient les défenseurs d’une « science normale » (le scientisme) aux abois. Cette note n’entend pas entrer de front dans la querelle des méthodes en économie – et encore moins dans l’invective. Elle a un objectif modeste, qui concerne très précisément le bilan des 35 heures et les leçons à tirer des évaluations. Elle reviendra dans un premier temps sur le bilan des 35 heures tel qu’il s’est construit au milieu des années 2000. Elle analysera ensuite le montage de la contestation de ce bilan sur la base d’une « expérimentation » (le nom est trompeur) aux conclusions fragiles, mais procédant d’une méthode supposée constituer le one best way de la démonstration en économie.

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